The Big Short : le casse du siècle (2015)

Les années 2010 ont vu fleurir beaucoup de films consacrés à l’univers financier, exploitant tout spécialement ses aspects outranciers et iniques. The Big Short se concentre sur la bulle dite des subprimes, qui a dévasté une partie de l’économie réelle américaine et collatéralement a détruit des pans entiers de la richesse mondiale.

Plongeant au centre de la construction d’un système vicié et vicieux, les protagonistes (bien réels) de l’histoire percutent, chacun à leur manière, l’édifiante réalité qui fait d’eux à la fois des complices et des anti-conformistes : un chevalier auto-proclamé, un matheux asocial, deux jeunes ambitieux et un trader désabusé survivaliste peuplent cette comédie aux sous-jacents tragiques.

La limite du film est son sujet : l’ingénierie financière évoquée dans le scénario est une affaire très complexe qui échappera certainement à un nombre non négligeable de spectateurs et ce, malgré l’intelligence de la mise en scène qui intègre des séquence pédagogiques et légères. Cette dimension phatique du scénario (les “small talks”) permet d’alléger le sujet et de le vulgariser.

Toutefois, le miracle est là : une interprétation remarquable, des dialogues incisifs et un montage enlevé permettent à The Big short de transformer ce docu-fiction en thriller financier drôle et électrique. Mieux qu’une leçon de morale, Adam McKay nous présente là le tableau d’un monde moderne cupide et déréglé ayant perdu totalement la tête.