Le cas Richard Jewell (2020)

Le cas Richard Jewell pourrait ressembler à un énième film sur la corruption des médias et des autorités aux États-Unis, mais Clint Eastwood a opté pour un angle d’attaque différent. Il oppose dans son 39^e film la middle-class laborieuse et patriote à une élite décadente et incompétente. Le rêve américain est désormais bien loin, les citoyens étant livrés à eux-mêmes dans un enfer où la carrière, le sexe et l’argent sont devenus les nouvelles vertus.

On pourra regretter une narration très académique (purement chronologique), mais Eastwood a sans doute voulu exposer les faits de manière quasi-documentaire pour ne pas verser dans la subjectivité dramatique. Il parvient ainsi à présenter ses personnages et son histoire de la plus efficace des manières, sans effets, sans “tricheries” : les faits, seulement les faits.

Évoluant peu à peu vers un huis clos pesant, le scénario plonge les protagonistes au cœur d’un système où médias et pouvoirs se disputent les restes de fierté d’un homme tels des charognards. Sans pitié pour le FBI ou les médias (même si le personnage d’Olivia Wilde a le droit a une sorte de rédemption peu crédible), Eastwood dépeint avec beaucoup de retenue la destruction du lien de confiance entre autorités et peuple “d’en bas”.