La Jetée (1962)

Le seul court métrage présent dans tous les dictionnaires de cinéma, et ce n’est pas un hasard. Chris Marker propose ici une exploration de la mémoire sur fond d’apocalypse nucléaire. L’ombre de la deuxième guerre mondiale plane sur ce film en noir et blanc, aux nombreuses singularités dont la plus importante est qu’il est constitué à 99% de photographies montées comme un diaporama.

Une voix off profonde nous narre l’histoire de cet homme aux souvenirs obsédants qui voyage à travers les couloirs temporels pour éviter l’extinction terminale de l’Humanité. Il y trouve l’amour ainsi que l’explication de ses obsessions, et le spectateur désemparé comprend alors que le monde décrit sous ses yeux n’a plus de sens, n’a plus d’avenir.

Dans cette espace mental irrationnel montré par Chris Marker, un seul moment “filmé”, symbole d’un espoir ou d’un moment de bonheur, les yeux d’une femme qui se réveille, comme le cinéma s’est éveillé de la photographie.